Décembre 2009

                                                                                         Chers amis,

Merci à vous tous, si nombreux, qui avez répondu gentiment à ma dernière missive et apprécié mes idées «politico-philosophiques et écolo-sentimentales» selon mon ami Remi le sage et Nicole qui enchaine : « sois avide de découvertes et profite du présent ». Ce sont là des encouragements dont je tiens compte et qui émanent de la famille proche et élargie et des amis et connaissances récents ou lointains. Mais le cercle se rétrécit et tous les ans il en manque à l’appel. Vous qui m’êtes chers et qui attendez cette lettre, je vous écris parce que le contact est bon, parce que l’affection est une des valeurs les plus profondes de la vie. C’est une belle coutume, les voeux, elle met un obstacle à l’oubli, ranime les sentiments et nous fait revivre les souvenirs du passé. « Ecris les moins bons dans le sable de la plage pour que les vagues de l’océan les effacent et grave les meilleurs dans le roc de la montagne pour qu’ils restent éternels ». Om mani pad me hum !

Je ne vais pas m’étendre sur les sujets qui fâchent et encore moins être un mauvais prophète mais je constate avec Y. A. Bertrand, Reeves, Hulot, Pelt, le Général Bigeard et les autres, qui tirent la sonnette d’alarme, que le monde qui nous entoure gaspille joyeusement les dernières ressources de notre pauvre planète, devenue trop petite. A ce propos j’aimerai vous citer le Dalaï Lama : « Les hommes perdent la santé pour accumuler de l’argent. Ensuite ils dépensent de l’argent pour garder la santé. Ils pensent anxieusement au futur et oublient le présent. Ils vivent comme s’ils n’allaient jamais mourir et meurent comme s’ils n’avaient jamais vécu ». L’opti croit en sa bonne étoile, celle qui est là en début de nuit, que j’admire avant le repos, qui sera encore là demain matin et qui me guidera jusqu’à ma destination finale. Wenn Gott will.

Arrivé à l’automne de ma vie je pense souvent en arrière, à ces 900 mois où j’ai éperonné et fouetté ma monture increvable et docile en attendant de pouvoir brouter l’herbe grasse tranquillement. Je compare le trajet parcouru à une belle course en haute montagne. Je revois les préparatifs et le bouclage du sac. La longue marche d’approche et la montée sur les glaciers (aujourd’hui disparus), les arêtes scintillantes, les séracs majestueux dans l’adret, les rimayes béantes, les couloirs froids dans l’ubac et enfin le sommet atteint dans la splendeur du jour naissant et la récompense de l’effort fourni. La victoire n’est jamais acquise, il faut encore redescendre. Toujours monter et descendre en dents de scie, comme cela a été dans la vie active et le sentier est semé d’embuches. La fatigue se fait sentir mais déjà je vois apparaitre le chalet dans la verte vallée où Josy m’attend pour un prochain voyage et savourer l’aventure vécue.

Tempus fugit usque umbre et nous voila arrivés au résumé de 2009 qui fut l’année du « devoir de mémoire ». Il y a 70 ans, l’évacuation en Charente, cet « exil intérieur » trop ignoré dans l’Histoire de France. Il y a 50 ans, la guerre d’Algérie tire à sa fin et le barrage de Fréjus crée la catastrophe. Il y a 40 ans « un petit pas pour l’Homme, un grand pas pour l’Humanité » et la chute du mur de Berlin il y a 20 ans. Revenons au présent et laissons l’Histoire se dérouler au quotidien : Miss France est de nouveau une française et le sommet de Copenhague est la répétition de Kyoto . . . à suivre.

Noël dernier dans les Dolomites était féérique et le Haasepeffer du Nouvel An fut partagé avec la tribu au St Exupery. Nous partons à Leyrieu en février puis avons la visite de nos amis bretons et nordiques. Pour Pâques les Munsch montent à Sarreguemines et les quatre soeurs se retrouvent toujours avec un grand plaisir autour de maman. Au printemps nous remettons une couche de peinture sur les murs de notre appartement et sur le chalet au jardin qui reçoit aussi une nouvelle toiture en tôle rouge. En mai nous partons à Reith dans le Alpbachtal en Austria, avec des amis pour une semaine de vacances touristiques. En juin, je visite l’Assemblée Nationale et nous fêtons la Saint Jean à la Kirschlerie avec les amis et les lucioles autour du feu de camp. Après le 14 juillet je pars en Baltique sur Jopaluka avec mon ami skipper Horst pour trois semaines de navigation et de « Kultur » nordique dans d’authentiques « Fischer Kneipe mit original Stimmung ». Nous avons jeté l’ancre dans des criques idylliques à Usedom et on s’est baigné avec les cormorans. On s’est promené sur les plages de galets sous les falaises crayeuses de Rügen ou j’ai trouvé de l’ambre. Je suis rentré « ohne Hals und Beinbruch ». En août il fait chaud et les enfants sont en vacances chez les uns ou chez les autres, soit à la ferme chez les Lang soit à la Côte d’ Azur chez les Thomas. A la rentrée des classes nous repartons tous les deux via Paris chez la cousine Nini, pour rejoindre la Normandie et la Bretagne. A Perros-Guirec et à Camaret l’arrière saison était magnifique et les fruits de mer mûrs. Je garde en mémoire les couchers de soleil à la pointe de Pen Hir quand il touche les flots argentés en un baiser incandescent. On peut oublier de s’incliner devant les dieux mais pas devant la mer et le soleil. J’aime assister à ce phénomène mais j’éprouve un peu de pudeur à observer ainsi l’union de deux époux. . . En octobre, nous rentrons pour accompagner à sa dernière demeure le mari à ma soeur Cécile, notre beau-frère Joseph Huder. Ensuite on fête les 75 ans de la classe 34 de Neunkirch. Au jardin, je taille les fruitiers et les buissons, range le mobilier et ramasse les feuilles mortes. Notre Michèle fête ses 50 ans. Elle est en formation à l’IUFM à Sélestat pour avancer dans sa carrière d’enseignante. Chez les Schmitt ça baigne et chez les Munsch, les projets de Dominique se concrétisent en résultats prometteurs. Chez les Lang on installe une station de traite entièrement robotisée pour 80 laitières. Nous redescendons à Leyrieu en novembre. Nathalie fait un stage à Paris. Cécile profite du voyage pour rester une semaine chez Robert et Nady à Mornant. On fait un tour en montagne et prospectons à l’Alpe d’Huez où nous irons cet hiver. On rentre début décembre pour participer aux nombreuses Fêtes de fin d’Année dans mes différentes associations.

Je voudrais encore vous raconter tellement de choses vécues ou en projet, comme l’histoire des cailloux, mais je m’arrête sur cette réflexion, à méditer :


L’homme le plus important est celui en face de toi et
La chose la plus importante est toujours l’amour.
Je vous souhaite de tout coeur, la santé avant tout, la joie de vivre et l’amour. »

JOYEUX NOEL ET BONNE ANNEE.

Za zdarov’ié                       

Le papy de la KIRSCHlerie        

et son adorable Josy