Bulletins consultables in extenso à
partir du No 311 en pdf sur le site paroissial :
Édito 332 – Dieu et l'Homme
Décembre 2018
Chaque
individu est unique, ce n'est pas la première fois que vous entendez
cela. Je peux enchaîner en disant, unique par son physique, sa pensée,
sa vision du monde. Cela m'oblige à accueillir les différences entre
ma manière d'être moi et celle des autres d'être eux.
Alors, qu'en est-il avec Dieu, qui est à l'affiche de ce
bulletin ? Je suis bien conscient que l'image que je me fais de
Dieu n'est pas celle de mon voisin de banc. Autant de participants à
une messe, autant de sensibilités religieuses différentes, de
ressentis spécifiques de la foi en Dieu, de représentations diverses
de Dieu lui-même. En l'absence de compréhension, dire que je connais
Dieu ne serait qu'une façon mensongère de me rassurer. Pour moi, il
s'agit plus d'un vécu que d'une connaissance.
Pour E. Mounier, dans notre dossier, l'Homme est habité par un
« besoin d'infini », il peut mettre sa confiance dans un
« Être suprême où dialoguent intimement des personnes... ».
H. Reeves de son coté s'interroge « Entre les dogmes des
religieux et les certitudes des athées, il y a de la place pour des
spiritualités questionneuses ».
Peut-être suffirait-il d'être plus humain pour être plus à l'image de
Dieu ? Dans le monde entier, nous avons fixé au solstice d'hiver
la date pour fêter son humanité, son incarnation. Profitons-en pour
passer un joyeux Noël ensemble, en famille, avec des amis, et
offrons-nous dans la bienveillance, nos trésors de différences.
Hilarion est ce jeune prêtre Burkinabé qui a remplacé en juillet,
puis en août, nos pasteurs en vacances d'été. Son prénom, équivalent
de Hilaire, Hillary, Hilário... emprunté au latin hilaris
venant du grec ilaros, signifie joyeux, gai, voir
hilare ? Nous voilà dans le sujet du dossier de ce bulletin.
Avant de nous quitter Hilarion nous a laissé un témoignage de sa Rencontre
avec les paroissiens. Le dossier reprend le titre de l'exhortation
apostolique du Pape François, Gaudete et exsultate dont vous
trouverez un extrait sur l'humour. Dans son Billet Jean-Luc
nous parle de la sainteté ordinaire de tout un chacun qui est le fil
directeur de l'exhortation papale.
L'été qui s'achève vous a sans doute apporté des émotions agréables,
je le souhaite en tout cas. C'est l'occasion de se rappeler que la vie
nous apporte malheurs et bonheurs, peines et joies, qu'il est utile
d'exprimer pour les partager. La morosité s'envole si je ferme la télé
et que j'ouvre les yeux sur la beauté du monde qui m'entoure et les
joyeuses frimousses que je rencontre au quotidien.
Soyons saints tous les jours, en mangeant sainement pour vivre
joyeusement avec humour, sans perdre le réalisme pour autant : il
est dans notre pouvoir d'éclairer les autres d'un esprit positif
rempli de joyeuse espérance.
J’espère que
vous lirez avec intérêt les articles du dossier de ce numéro
« les animaux, amis des hommes ». Sans parler de la
nourriture qu’ils incarnent depuis nos ancêtres chasseurs, ils
méritent notre respect, les sauvages pour leur débrouillardise, les
domestiques pour leur collaboration. Où en serions-nous sans l’aide
précieuse de leur force musculaire ou de leurs capacités spécifiques
mises à notre disposition depuis des millénaires ?
Entre différentes espèces la communication est difficile, ou
impossible, pourtant nous écoutons chanter les oiseaux avec plaisir
sans comprendre ce qu’ils se racontent, de même un chien peut écouter
avec attention son maître lui parler longuement. Cela fonctionne dans
les deux sens entre l’homme et l’animal. Nous pouvons ressentir une
connivence avec notre chien, nous savons parler au cheval pour le
faire avancer, tourner, s’arrêter, tout en ayant souvent des
difficultés de compréhension entre humains. L’astrophysicien Hubert
Reeves, dans son livre Le banc du temps qui passe évoque à
plusieurs reprises son chat aux beaux yeux verts :
« Je le regardais et il me regardait. J’avais
l’impression que nous partagions la même question : qu’est-ce
qui se passe dans sa tête ? À quoi pense-t-il en me regardant
? Je voyais le mystère du monde se refléter dans ses yeux :
là devant moi, mais hors de portée. [...] Il faut nous attendre à
être parfois dépassé par la réalité. »
Alors avec Dieu, Le Tout Autre, comment communiquer ? La période des
vacances approche, serait-ce le moment d'essayer ? À chacun de se
laisser dépasser en tentant l’aventure, en attendant, je vous souhaite
un très bel été.
Perdu
quelque part, sur cette planète bleue, près de ce soleil jaune dont
j’aime sentir la chaleur sur ma peau, dans la blanche voie lactée,
faisant partie d’un amas de galaxies lui-même perdu parmi
d’innombrables autres amas, recoin d’un superamas appelé Laniakea dans
un univers démesuré, c’est là que je suis planté, me posant
l‘éternelle question du sens de la Vie.
Peut-on donner un sens à la Vie, puis-je donner un sens
à ma vie ?
Saint François de Sales autour des années 1600 y répond avec limpidité
"Fleuris là où Dieu t'as planté " !
Dans le dossier de ce numéro les rédacteurs du bulletin ont exploré
quelques pistes suggérées par François, le Savoyard. Il me semble bien
que nous n’avons pas d’autre alternative ; c'est à nous de donner
du sens à notre vie, sans même philosopher longuement ou doctement.
Que l’on soit petit ou grand, il y a toujours une possibilité d’être
quelqu’un de précieux pour les autres. Voyez l’histoire de la cruche
fendue du billet de Jean-Luc page 13. Tête bien faite ou lézardée, là
n’est pas la question, chacun fait avec, là où il est, pour vivre avec
amour, fleurissant, produisant du fruit, en lien avec son entourage.
R. K.
Si vous prenez plaisir à lire notre bulletin, avec 16
ou 20 € dans une enveloppe "pour LE SIGNAL" déposée à la cure ou à la
quête, vous pouvez participer à l’impression du prochain numéro dont
le coût n’est pas encore financé. En attendant nous vous souhaitons,
cher lecteur, de tout cœur une très joyeuses Fête de Pâques en
communion avec les chrétiens du Secteur Pastoral du Pays Mornantais.
Le monde qui
nous entoure nous est rarement présenté sous un aspect encourageant ou
optimiste par les médias les plus connus. De plus, les mots choisis
pour nous présenter l'actualité ne sont pas anodins, ils sont la
partie émergente d'une manière d’être, sous-jacente. Le vocabulaire
utilisé révèle une face cachée de la pensée contemporaine :
Lorsque nos frères humains se font tuer, l'actualité nous apprend
qu’ils sont abattus !
En politique, on parle de pouvoir lorsqu'il s'agit de service à
nos concitoyens !
Pourquoi faire valoir l'autorité dans de nombreuses relations, en
oubliant l'humilité ?
Dans d’autres situations, l’on cherche à dominer alors qu'il
serait plus judicieux de s’entraider !
Pourtant, un autre monde plus chaleureux enrichi notre vie. Rien
qu’en France, solidarité et coopération sont les énergies
renouvelables de centaines de milliers d’associations de bénévoles.
Celles-ci tissent au quotidien et au fil des générations, des rapports
humains authentiques. Elles donnent du sens à nos existences. Partie
intégrante de la nature, l'humanité depuis ses origines ne doit-elle
pas sa survie à la solidarité ? Jean-Marie Pelt, le botaniste ( ꝉ
2005), nous faisait remarquer que "le vivant prospère et s'épanouit
par la coopération plus que par la concurrence". La nature toute
entière est en symbiose avec l’Homme. Sénescences, morts,
renaissances, maturités, constituent le cycle de la vie individuelle
pour la survie des espèces.
Les auteurs des articles du dossier, habitants des villages de notre
secteur, témoignent de solidarité concrète avec nos frères proches et
lointains. Ils ne manquent pas de nous interpeller en parlant de
personnes très diverses ou de lieux très éloignés. Ces exemples là, de
nos communes et paroisses, loin d’être exhaustifs, donnent pourtant un
aperçu de ce que la vie peut porter d’espoir.
Les occasions pour devenir plus solidaire ne manqueront certainement
pas en cette traditionnelle période de fin d'année. Nous vous
souhaitons un Joyeux Noël en solidarité avec la famille, les amis, nos
concitoyens et nos frères lointains, ainsi qu’une très heureuse année
2018.
Aujourd'hui dans la rue j’entends « L’Église ne m'intéresse pas !
Où est la charité du Christ ? » Dans la littérature, je me
souviens avoir lu, à propos des chrétiens, une critique déjà fort
ancienne « Ils attendaient le royaume, ils ont eu
l’Église. » Cela m’a rapproché du dossier de ce numéro :
Foi, Religion, Croyance.
Pendant quelques dimanches aussi, en ce début d’été, j’ai entendu un
leitmotiv en trois points adressé aux chrétiens « n'ayez pas peur,
osez parler, ayez confiance. » Qu'attendons nous d'autre ?
L'Église c'est nous. Nous avons une cervelle pour réfléchir, du temps
pour cela et la divine inspiration de l'Esprit Saint.
L’énoncé de notre foi, de ce que nous croyons, des mystères
intemporels, est à actualiser dans sa forme pour être compris dans la
culture du 21e siècle. Il reste encore des tabous à
abattre, des paroles à libérer, des questions à poser, des réponses
multiples et adaptées à trouver en laissant souffler l'Esprit chez
chacun de nous. Les publications apportant un air neuf ne manquent
pas, et le trésor de Vatican II , loin d’être épuisé est
encore largement à faire entrer dans les mentalités et les pratiques.
La période estivale nous ayant reposé les neurones, pour cette
rentrée scolaire, apprenons à décoder les multiples manières par
lesquelles Dieu nous parle : textes lus ou entendus, événements
vécus, admiration devant la nature, personnes rencontrées… Vive la
rentrée.
Le
grand spectacle des Jeux olympiques…
Les sports mécaniques, trial, quad, formule 1 avec beaucoup de bruit
…
Une manif comme Courir
pour
Elles,
finançant la lutte contre les cancers féminins…
Le tour de France ou autre grande course cycliste...
Le grand business du football entre les mains des investisseurs
financiers…
La compétition, l’athlétisme, un entraînement…
Le Vendée Globe ou autre régate...
Le trail et les courses en haute montagne…
Les clubs de sport en tout genre…
Peut-être une randonnée…
Les matchs à la télé ?
Ou alors une simple promenade en pays mornantais ?
Si
mon
médecin me demande « faites-vous
du
sport ? »,
je
réponds NON, car je n’ai jamais fait partie d’une équipe sportive ni
pratiqué assidûment une discipline sportive dans un club. Et s’il me
dit alors « ne
bougez-vous
pas ? »,
je
précise que toute ma vie je n’ai jamais laissé passer une occasion
pour jouer, je dis bien jouer, au ballon ou à tout autre activité
pour me dépenser physiquement.
Tout
jeune,
jouant aux indiens en courant pendant des heures dans la forêt avec
les copains. Jeune, en rigolant beaucoup aux divers jeux de ballon
dans la cours du lycée. Jeune homme, en explorant les Alpes et en
apprenant à skier entre amis au Club Alpin (que je ne classe pas
dans les clubs sportifs !). En famille, quand c’était possible, en
appréciant ensemble les plaisirs de la neige en hiver et les jeux
d’eau en été. Plus vieux, en continuant à rire sur les pistes, skis
aux pieds dévalant les pentes ou encore répondre avec enthousiasme à
la demande d’un ami cherchant un équipier pour traverser
l’Atlantique à la voile. Du moment que c’est avec quelqu’un !
Et vous, sportif ou pas ?
Vous
trouverez
peut-être une réponse en lisant le dossier de ce numéro, mais peu
importe la réponse et la sémantique. Dès que je le peux, je me
remue, je m’amuse, je joue, je suis heureux, et quand je Lui parle,
je Lui dis souvent « Ton
projet
pour l’Homme, c'est bien son Bonheur
? » alors une certaine phrase répétitive « ...que
Ta
volonté soit faite... »,
me
parle différemment.
Le
dossier sur la citoyenneté me fait dériver instantanément sur
l’actualité. Depuis la Grèce et la Rome antiques les choses ont-elles
vraiment changé ? S’adresser aux citoyens et soumettre le pouvoir
au vote, c’est toujours prendre le risque d’élire le plus persuasif,
le plus crédible dit-on pour être moderne, plutôt que le plus
véridique.
Mais au fait,
est-ce bien de pouvoir qu’il s’agit ? Les médias et les
candidats à la charge suprême de l’état n’emploient plus que ce mot
« Pouvoir » alors que nous parlons de l’accession à
la noble fonction de serviteur de la nation. L’aurions-nous
oublié ? L’ont-ils oublié ? « Mal nommer les choses
c’est ajouter aux malheurs du monde » (A. Camus).
Il me semble que la fonction présidentielle exige la vérité dont le
citoyen a besoin pour affiner son discernement. Et la vérité
n’appartient pas à Pierre ou à Paul, ni à un clan, ni à aucun parti.
La vérité dont le citoyen a besoin pour se faire une vision juste des
choses avant de faire un choix, s’impose par les faits et non pas par
les opinions. Les médias sérieux s’attachent à traquer les faits, mais
si aujourd’hui chacun s’improvise journaliste sur les réseaux sociaux,
il n’y a plus de vérité, il ne reste plus que des rumeurs et au mieux
des opinions.
S’exposer aux
suffrages des électeurs c’est d’abord se confronter aux faits et non
aux opinions. Accorder plus de poids aux opinions qu’à l’information
c’est abandonner la réalité objective au profit des émotions, c’est
succomber à la tentation du mensonge pour obtenir l’adhésion plutôt
que la réflexion. Informons-nous donc par tous les moyens, confrontons
nos idées et prions Dieu pour qu’il nous accorde le discernement.
« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir,
mais de le rendre possible » (A. de Saint-Exupéry)
R.
Kirsch.Toute l’équipe rédactionnelle vous souhaite de joyeuses Pâques
« Heureux
et posséder, rien à voir » me réponds du tac au tac une jeune
fille de 16 ans ; cependant pourquoi possédons-nous tous des biens
auxquels nous sommes plus ou moins attachés, pour notre bonheur ou
notre malheur ?
Sous le titre « Les objets sont en vie », je peux lire dans
ce numéro :
« les objets font partie de ma vie »
« les objets font ma vie »
« les objets sont ma vie »
En paraphrasant le titre, je constate aussi que « les objets sont
envie »
Il n'est pas facile de résister à toutes les sollicitations
quotidiennes d'achat, surtout en cette période de l'année. S'inonder
de superflu, n'est-ce pas aussi s'encombrer de soucis et de tracas
matériels inutiles et chronophages ? Il me semble nécessaire d'avoir
une ligne de défense contre les attaques des slogans de la publicité
omniprésente qui manipule notre manière de penser. Alors, quel rempart
mettre en place pour protéger notre vie contre la surabondance de
biens matériels ?
En d'autres mots, comment rester soi-même ? Quels sont nos besoins
indispensables ? Comment avoir la perspicacité indispensable pour
distinguer le nécessaire de l'encombrant superflu ? « Les
objets sont ma vie » alors choisissons-les en pleine
conscience, en accord avec nos convictions profondes. Quant au
bonheur, il est ailleurs …
Un bel exemple, parmi d'autres, nous est donné dans ce numéro par une
équipe de quatre compagnons du groupe scouts de Saint-Genis-Laval
investie dans un projet humanitaire avec " Komanu France-Bénin ".
Leurs témoignages nous disent :
« … ils ont réussi à mener à bien leur projet
»
« … chacun a pu progresser »
« … une belle action de partage »
Compassion
pour la misère d'autrui, qui incline à partager les maux
et les souffrances d'autrui.
Commisération qui fait prendre part ou intérêt à
la misère, aux malheurs d'autrui.
Générosité entraînant le pardon,
l'indulgence pour un coupable, un vaincu.
Clémence, Pardon, Bonté par laquelle Dieu fait
grâce aux hommes,
attribut de Dieu, considéré comme l'Être suprêmement bon.
Ses contraires : cruauté, dureté,
indifférence, insensibilité.
Foin de toute considération sémantique, philosophique, théologique,
ou de droit canon, je suis bien satisfait avec le dernier semblant de
synonyme. Rapprocher la miséricorde de la bonté, un mot bien ordinaire
que l'on ose à peine utiliser de nos jours pour ne pas paraître
désuet, cela me plaît.
La bonté, ce mot sous lequel je peux lire dans mon dictionnaire
favori " se dit d'une personne portée à considérer,
traiter les autres d'une façon favorable, en s'abstenant de leur
nuire, et surtout en œuvrant pour leur épanouissement vital, aux
dépens même de ses propres intérêts " me convient très
bien. Je vois que ça nécessite la clémence, l'indulgence et le pardon.
Et cela m'éloigne de la dureté de jugement et de l'indifférence. La
bonté, de plus, c'est facile à retenir, il est facile d'en parler aux
enfants, ça sonne bien à mes oreilles, ça me convient très bien.
Marchons comme ça.
Note sur mon dictionnaire favori :
Quand je suis perdu dans ma propre langue, pour éclairer ma chandelle
je consulte le CNRTL (Centre National de Recherche Textuelle et
Linguistique), le trésor de la langue française, on y trouve la
lexicographie, l'étymologie, les synonymes, les antonymes la
concordance dans des phrases et plus encore. www.cnrtl.fr/lexicographie/miséricorde
Le Maître dit : À quinze ans je me consacrais à l'étude, à
trente je me suis perfectionné. À quarante ans, les doutes ont
cessé. À cinquante ans, j'ai connu la volonté du Ciel. À soixante
ans, l'oreille est devenue obéissante. À soixante-dix ans, je peux
suivre les désirs de mon âme sans enfreindre les règles.
Confucius, Dialogues, II,
4
Je suis un passant.
Un de ces passants parmi plus de sept milliards de passants qui me
donnent le vertige. Je suis né, je vis, et je sais que je vais mourir
comme le savent tous ces autres passants. La flèche du temps est à
sens unique et n'autorise pas de marche arrière, mais je sais que mon
aventure unique, le fait d'avoir vécu cette vie, est un fait éternel ;
à l'échelle de l'humanité, une étincelle éphémère et différente de
toutes les autres aura existé... pour toujours.
Aurai-je donné de la couleur à cette étincelle de vie ?
Aura-t-elle amusé quelqu'un, ou soulagé un autre ? Donné de l'amour
à une personne ou du bonheur à une autre ? Je vois que je peux
choisir ou non de donner du sens à ma vie.
J’aime le
silence, je l’aime de plus en plus avec les années qui passent. Je me
souviens avoir eu souvent, à côté de moi, une radio allumée pendant
que je lisais ou travaillait. Était-ce pour dévorer la vie par tous
mes sens en même temps ou pour meubler un vide oppressant ou un
travail ennuyeux ? Allons savoir, c’est de moins en moins le cas
aujourd’hui où j’apprécie énormément un environnement silencieux et
paisible.
Bonheur. Un bonheur que le silence de la nature. Il nous offre une
multitude de bruits et de musiques à savourer en pleine conscience.
Phobie. Une phobie que la peur du silence. Très perceptible tous
les jours chez la bavarde (je veux dire la télévision aux heures de
l’info), où la crainte omniprésente de la moindre seconde de silence
(je pourrais réfléchir par moi-même) nous abreuve de deux ou trois
mesures de musique sans queue ni tête et sans aucun lien avec les
informations diffusées.
Malheur. Un malheur que le silence des personnes. Un mur de
silence, c’est très dérangeant, mais peut correspondre à une demande
impérative, essentielle, à respecter dans la bienveillance ?
Mystère. Un mystère que le silence de Dieu. Même très simple et
immédiate pour certains, la communication avec Dieu n’est pas facile
pour d’autres, mais la prière s’apprend au fil des jours.
Interrogation. Une interrogation majeure que la voix du silence.
Le silence tente de nous parler à l’oreille de l’âme, encore faut-il
l’interroger et apprendre son langage. Passez quelques jours dans
une Chartreuse pour en apprendre plus…
Je m’arrête là, nos rédacteurs se sont plus longuement exprimés sur
le sujet dans ce numéro, qu’ils en soient chaleureusement remerciés.
En attendant, je vous susurre à l’oreille "comme une musique,
écoute le silence, c’est si beau".
Décembre 2015
(Quelques jours après un attentat terroriste meurtrier à Paris)
Voyage dans le temps ?
Un voyage
dans le temps d’un très mauvais film de Science Fiction a débordé dans
le réel.
Quand j’assiste à ce qui pourrait apparaître comme un affrontement de
civilisations, d’affligeantes pensées me submergent… et mes pensées se
télescopent : visions sanguinaires du moyen-âge défiant, avec la
technologie d’aujourd’hui, notre pensée occidentale du 21e
siècle imprégnée des Droits de l’Homme, pensée dominante,
modernité ?
Des sentiments contradictoires, rage, colère, fureur, aigreur,
dépit… dans ma tête se disputent la place avec miséricorde,
compassion, attention à l’autre, pardon… qui sont le contraire de la
violence ; celle subie à l’extrême jusqu’à l’exaspération et la
mort mais aussi celle qui s’insinue sournoisement dans la banalité
quotidienne, celle qu’on ne reconnaît pas toujours et qui trouve
malheureusement son usage ordinaire aussi bien à l’Assemblée Nationale
que dans nos familles. Je parle de la violence verbale qui nous
entoure et qui alimente d’autres violences.
Mais cela me fait réagir et me conduit vers une action à ma portée.
Avec mon voisinage, en famille, avec mes enfants, les parents, mes
compagnons de travail, je vais faire reculer la violence verbale, vous
savez, celle qui fait mal, celle que nous savons tous manier et qui
nous manipule. À la place, et comme font les sportifs, avec de
l’entraînement, je vais faire avancer la miséricorde, la compassion,
l’attention à l’autre, le pardon. Ce sera Noël.
Héritiers
millénaires des Olmèques et des Aztèques, les Mayas d'Amérique
centrale étaient fascinés par les calendriers et jonglaient avec des
années de durées différentes, ils suivaient en effet
les années du « compte long » de 360 jours sur un comptage de 5125
ans
les années civiles solaires de 365 jours sur des cycles de 52 ans,
les années liturgiques de 260 jours sur le même cycle de 52 ans.
Sommes-nous tellement différents d'eux ?
Pas tant que ça ! Ne suivons-nous pas, nous aussi, différents
calendriers ?
l'année civile,
l'année scolaire,
l'année fiscale
et puis aussi selon notre culture et nos
affinités
l'année liturgique (catholique, orthodoxe...)
l'année de l'hégire (lunaire 354 ou 355 j,
1437),
l'année chinoise (luni-solaire, 4713),
l'année juive (luni-solaire, 5776),
et bien d'autres encore à travers le monde...
Alors, on continue comme avant, en ce début d'année scolaire? II
s'annonce entre autres événements, une Année Sainte de la Miséricorde
(8 décembre 2015), une conférence sur le climat COPZI (présidée par la
France à Paris du 30 novembre au I I décembre) dont on espère quelques
avancées significatives, et, tout chaud ces jours-ci dans la presse,
les conclusions des Assises Chrétiennes de l’Écologie (Saint-Étienne,
28-30 août 2015) dans le souffle de l'encyclique « Laudato Si »
du pape François, un appel en faveur d'une écologie intégrale, une
charte de l'écologie dans la pratique chrétienne d'aujourd'hui. . .
Alors, on continue comme avant? Pas du tout, relevons nos manches et
rien ne sera plus comme avant !
Lorsque notre environnement nous apporte Ia prospérité et l'aisance
matérielle, serait-il plus facile d'être ouvert aux autres, de les
respecter dans leur différence, dans la dignité a laquelle tout un
chacun aspire? A contrario, des temps plus difficiles, avec chômage et
précarité accrus, sont-ils source de repli sur soi et d'intolérance ?
Toujours est-il que, dans l'incapacité d'en décortiquer les causes ou
l’enchaînement de comportement pernicieux, il semble que nous
assistions dans le village planétaire qu'est le monde aujourd'hui, a
la négation de plus en plus fréquente des droits élémentaires 8 une
vie décente, au respect et à la dignité, parfois à la vie tout court
de groupes humains entiers. Et c'est le fait, aussi bien de certains
détenteurs du pouvoir, que d'individus isolés, nous-mêmes parfois.
Les vacances se profilent. Que l'on ait la chance de partir ou que
nous restions à la maison, nous trouverons bien des temps de repos
pour réfléchir a notre attitude vis-à-vis des autres. Devant les beaux
paysages que nous aurons la joie de contempler, n'oublions pas le
respect que nous devons à la Nature si généreuse.